Des jeunes femmes ont créé un groupe Facebook pour promener ensemble leur animal de compagnie, après avoir été agressées, suivies ou intimidées alors qu’elles le baladaient dans les rues désertes.
Elles sont plusieurs milliers en France à être soulagées que le couvre-feu soit reporté à 21 heures depuis ce mercredi. Elles, ce sont des femmes qui vont promener leur chien, parfois tard le soir et tôt le matin. « Avec ce nouveau couvre-feu, on espère voir un peu plus de monde dans les rues. D’autant que le soleil se couche de plus en plus tard. Mais pour la sortie d’après 21 heures, ce sera encore inquiétant », soupire Natali, gardienne d’immeuble dans le XVIe arrondissement de Paris, qui promène Jolly, 6 ans, son berger australien. Dans le parc Ranelagh, elle retrouve deux jeunes femmes qui se connaissent déjà, Mathilde et Léa. Toutes trois vont faire le tour du quartier avec leurs fidèles compagnons tenus en laisse.
Au cœur des discussions, entre deux tirages de harnais, le trio énumère les mauvaises rencontres qu’elles ont faites lors de ces balades, devenues sources de stress depuis le premier confinement. « Les Français respectent le couvre-feu. Les rues sont vidées, il ne reste qu’alors les gens malintentionnés et nous, les promeneurs de chiens », résument les deux parisiennes. Alors il y a 5 mois jour pour jour, Mathilde, chargée de communication pour l’école parisienne d’aide-soignant vétérinaire ESAV-INSTITUT BONAPARTE, lance le groupe Facebook « Les promeneuses du couvre-feu ». Le but est simple : permettre aux femmes seules qui vivent dans le même quartier de se retrouver pour sortir ensemble leurs animaux.
Presque toutes ont déjà été importunées Nantes, Pau, Strasbourg, Cannes, Nice, Brest, Cinq mois plus tard, grâce au réseau du campus de L’ESAV – Institut Bonaparte qui va partager cette initiative, plus de 750 membres ont pu être acceptés dans ce groupe fermé. « Je veille à inspecter chaque candidature, pour que les personnes malintentionnées ne puissent pas en profiter », prévient Mathilde.
« C’est une belle initiative, mais ce n’est pas normal qu’on en arrive là », souffle Natali. Portable chargé dans la main, sans bijou, abordant un sifflet pour appeler à l’aide et même une lampe torche, la gardienne d’immeuble ne compte plus le nombre de fois où elle a été suivie, insultée, menacée, surtout depuis la mise en place des confinements. « Je suis obligée de laisser la porte de l’immeuble ouverte et éclairée pour pouvoir vite me réfugier, vous vous rendez-compte ? À peine a-t-elle fini sa phrase qu’un homme se met à uriner, sans gêne, sur un arbre tout proche d’elles.
Un autre propriétaire de chien a même été jusqu’à poursuivre Mathilde sur les réseaux sociaux. « Je ne sais pas comment il m’a retrouvé, mais c’était effrayant. Je regardais par ma fenêtre pour sortir mon chien seulement quand je voyais plusieurs personnes dans la rue », témoigne-t-elle. Quant à Léa, 24 ans, elle « change de chemin pour ne pas croiser le regard de certaines personnes alcoolisées ».
Sans compter l’explosion des vols de chiens, dont certains valent plusieurs milliers d’euros. Une tentative dont a été victime Laetitia, membre du groupe Facebook. Habitante du Val-d’Oise, cette jeune femme a été bloquée, avec son Jack Russel, par deux hommes lui demandant combien elle avait acheté son animal.
« Pour m’en sortir, j’ai dit qu’il avait 15 ans, qu’il ne valait rien. Mais une amie a subi une attaque, a dû se débattre et a été blessée. », confie-t-elle. Depuis cette agression choquée, elle a toujours son portable en main.